L’enfant dans la pensée de Dieu

Dans les premières instructions données au premier couple en Éden, se trouve celle de se multiplier et de remplir la terre (Gen. 1.28). En Afrique, comme dans le contexte juif de l’Ancien Testament, la progéniture est un don, une bénédiction divine. L’enfant a toujours été une source d’espérance, d’assurance pour le futur, une source de main d’œuvre pour les travaux champêtres. L’attente a toujours été grande dans les familles de voir le nouveau couple devenir rapidement parents pour maintenir cette espérance de la transmission de la vie de génération en génération. Le manque d’enfants dans les couples africains est plus fortement ressenti que dans les cas des foyers des patriarches Abraham, Isaac et Jacob respectivement avec leurs épouses Sarah, Rebecca et Rachel d’où l’importance de l’enfant en Afrique.

Paradoxalement en dépit de la grande richesse et tout l’espoir que représente l’enfant en Afrique, certains parents ne sont pas de dignes représentants de Dieu auprès de leurs enfants. Bruce Thompson (1989 : 41) a raison d’affirmer que « mêmes les meilleurs d’entre eux sont de mauvais représentants de Dieu et de sa vérité. La crise actuelle qui montre l’incapacité des parents à élever leurs enfants selon des normes bibliques, a suscité des discussions sur le besoin de reprendre le rôle des parents »

Dans toute l’histoire biblique l’enfant, dans son innocence, a été au cœur de la pensée de Dieu. Dans l’Ancien Testament, Dieu a utilisé certains enfants comme le jeune Samuel qui était au service d’Elie (1 Sam 3) ; l’adolescent David (1 Sam 17.45-57), la petite fille d’Israël, servante de Naaman le syrien (2 Rois 5) pour changer le cours de l’histoire et faire révéler le vrai Dieu au monde païen. En inaugurant la Nouvelle Alliance, le Dieu Incarné a vécu la condition d’enfant et a émerveillé tous ceux qui l’écoutaient quand il était dans son adolescence à l’âge de douze ans dans le Temple où il s’occupait des affaires de son Père (Luc 2.42-47). A plusieurs reprises durant son ministère, Jésus-Christ a recherché la compagnie des enfants, il s’était opposé à ceux qui voulaient éloigner les enfants de lui et a même dit qu’il faudrait accepter le Royaume de Dieu dans l’innocence et la pureté d’un enfant pour pourvoir y entrer (Matthieu 18.2). Le miracle de la multiplication de la nourriture a été l’œuvre d’un enfant prévoyant qui avait cinq pains et deux poissons avec lui. (Jean 6.8-14) Jésus montrait ainsi à la face du monde que Dieu peut utiliser n’importe qui y compris les enfants. Jusqu’à son entrée triomphale à Jérusalem, les enfants étaient au cœur de sa mission et bénéficiaient de son ministère.

La réflexion théologique et les pratiques ecclésiologiques doivent donc faire confiance à l’enfant, lui donner une place plus importante en sa qualité d’instrument entre les mains de Dieu dont on ne devrait pas mépriser le jeune âge (1 Tim 4.12) ni traiter d’ignorant. Il faut commencer par préparer très tôt l’enfant pour qu’il puisse être l’Église d’aujourd’hui et celle de demain, pour prendre des responsabilités dans l’Église locale et accomplir sa destinée, la mission que le Seigneur lui a confiée (Jérémie 1.5) en l’envoyant sur terre. En effet dans l’enfant, il faut voir l’avenir et ceci même depuis sa conception. C’est à juste titre que le Père de l’Église Tertullien, l’Africain (150/160–220) s’exprimait en ces termes : « Celui qui doit un jour devenir homme, est déjà un homme ». Il faut donc avoir en pensée cet homme qui se trouve dans cet enfant et lui offrir les conditions nécessaires pour s’épanouir et se réaliser pour atteindre les objectifs de sa destinée.

L’Église se doit donc d’être intergénérationnelle et fonctionner dans toutes ses composantes dans la mesure possible de manière intergénérationnelle afin que le bâton (2 Timothée 2.2) puisse être transmis facilement à la génération montante. « … Ce que nous avons entendu, ce que nous savons, ce que nos pères nous ont raconté, nous ne le cacherons point à leurs enfants ; nous dirons à la génération future les louanges de l’Éternel, et sa puissance, et les prodiges qu’il a opérés ... » (Psaumes 78.1-8)

La liturgie du culte dominical, les activités et cultes d’intersemaine doivent inclure de manière active et participative les enfants comme acteurs et non juste des spectateurs distraits, insouciants et joyeux.

L’Église doit accorder aux enfants la grande valeur que le Christ leur donne et enseigner aux parents à faire de même pour que les enfants puissent être « des plants d’oliviers autour de ta table » (Psaumes 128.3) et les parents ne devraient pas les irriter (Ephésiens 6.4).

De même, l’Église doit s’impliquer activement dans le plaidoyer auprès des autorités politiques et interpeller ces dernières sur la protection de l’enfance et lutter contre toutes les formes de maltraitances des enfants.

La prédication et l’enseignement ont donc un rôle à jouer pour amener le changement de comportement.

Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits ; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. (Mat 18.10)

Vivement entrons donc dans la vision et la pensée de Dieu pour l’enfant !

Rev. Professeur Agbèdè Afolabi Ghislain, PhD

1 réflexion sur “L’enfant dans la pensée de Dieu”

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