Qu’est-ce que l’évangile de prospérité et en quoi est-il une gangrène spirituelle des temps modernes ?

Qu’est-ce que l’évangile de prospérité et en quoi est-il une gangrène spirituelle des temps modernes ?

Léopold II de Belgique en s’adressant aux missionnaires en partance pour le Congo en 1883, deux années avant la rencontre de Berlin motiva les missionnaires à manipuler, à espionner, à faire sortir le texte inspiré de son contexte pour servir de prétexte à la domination post-esclavagiste, coloniale avec la théologie de la pauvreté : « Pour ce faire, vous veillerez entre autres à désintéresser nos sauvages des richesses dont regorgent leurs sous-sols pour éviter qu’ils s’y intéressent, qu’ils ne vous fassent pas une concurrence meurtrière et rêvent un jour à vous déloger. » Alors que la Bible parle abondamment des finances, de la gestion et du bien-être de l’homme dans la société (3 Jean 2). C’est probablement en réaction contre cet état de chose que le déséquilibre évangile de la prospérité qui se situe à l’antipode de celui de la pauvreté verra le jour.

Á l’instar l’évangile de pauvreté, l’évangile de la prospérité est contraire à l’enseignement christocentrique des Apôtres (Actes 2.42), il est contraire à l’enseignement paulien reçu par révélation de Jésus-Christ (Galates 2.1-2). C’est l’un des enseignements hérétiques les plus dangereux de ce XXIème siècle qui fait croire que le chrétien évolue dans le Train à Grande Vitesse Spirituelle où tout va et tout ira à merveille. L’évangile de la prospérité « attire parce qu’il propose aux habitants d’un continent vivant dans la pauvreté une prospérité sans limite. Il séduit même les plus sincères pace qu’il utilise des concepts chrétiens et des versets bibliques. A l’heure où le mouvement pentecôtiste gagne du terrain, il se cache derrière la trame de ce mouvement pour s’infiltrer facilement » (Bourdanné 2011 :7).

Les tenants d’une telle pensée nient toute souffrance, persécution, difficulté durant leur pèlerinage terrestre dans ce monde pourtant dominé par le prince des ténèbres et où un véritable combat spirituel est engagé 24h sur 24h. Ils sont dans la négation de la réalité qu’ils vivent et qu’ils ne veulent pas reconnaître. Ils ne sont pas conscients de la réalité de ce combat dans lequel l’Église collectivement et chaque chrétien est engagé et devrait porter en permanence toute l’armure spirituelle recommandée par l’expérimenté vieil apôtre Paul.

Ils pensent à tort que naturellement le fait d’être chrétien est déjà un visa d’entrée dans la prospérité, en ce sens que tout doit continuellement aller pour le chrétien oubliant le prix de la vie de disciple, le combat spirituel. Ils ne savent pas que chaque chrétien doit prendre sa croix pour suivre le Christ sur des chemins rocailleurs et épineux, à faire face aux vents contraires en comptant sur le Christ qui est l’Emmanuel, le Dieu continuellement avec nous et en nous par l’action du Saint-Esprit qui se manifestera certainement dans nos combats, après nous avoir vu à l’œuvre, à la quatrième veille (Marc 6.47-52).

Cette hérésie produit des chrétiens qui sont à la recherche permanente du gain facile, du matérialisme, du ‘gris-gris’ chrétien, du miracle spontané. Dans leur imaginaire, ils font de Jésus-Christ un magicien, un charlatan, un marabout qui doit répondre à leurs désirs, qui doit leur faire des miracles instantanés à tout moment pour la prospérité matérielle et financière instantanée.

« Etant caractérisé par un anti-intellectualisme extrême, l’Evangile de la prospérité n’a pas une formulation théologique précise et systématique. Il ne se donne pas comme un système logique et élaboré à partir duquel on peut construire une critique linéaire. C’est une théologie de foule au caractère populaire » (Bourdanné, 2011 : 38). Ce thème a été abordé durant le troisième congrès mondial du mouvement de Lausanne pour l’Evangélisation du monde, congrès auquel nous avions participé en octobre 2010 à Cap Town en République Sud-Africaine. Vu la pertinence de ce thème, il a été abordé encore dans la cité d’Atibaia à São Paulo au Brésil, c’était une consultation globale sur la théologie de la prospérité, la pauvreté et l’Evangile ; consultation à laquelle nous avions été invité à participer du 30 mars au 3 avril 2014.

Nous avons le défi de promouvoir la théologie du travail bien fait (Genèse 1.31, 2.15 et 3.19) et non la théologie hérétique de l’évangile de prospérité qui fait croiser les bras mais pousse à une passivité dans l’attente de voir la manne tombée du ciel. Seul le retour à la Parole divine avec une herméneutique responsable qui respecte le principe théologique permet d’élaborer une théologie équilibrée qui tient compte de la présence de toutes les couches sociales dans l’Église en dehors des deux hérésies que représentent l’évangile de pauvreté et celui de la prospérité. Vive le cri des Réformateurs : Sola Scriptura !

Rev. Professeur Agbèdè Afolabi Ghislain, PhD

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